Les modalités de la vulnérabilité liée à la santé

Vulnérabilité physique

La vulnérabilité physique est la forme la plus importante ; elle est liée aux conséquences de la ou des pathologies qui entraînent une perte d’indépendance fonctionnelle, qu’elle soit limitée ou complète. Les personnes dans cette situation ont besoin de matériel et de personnel pour les aider, soit à retrouver une indépendance physique, soit à vivre leur situation de dépendance.

Cette modalité peut prendre plusieurs formes (exemples) :

La fragilité qui se définit comme un « Syndrome médical aux multiples causes, avec réduction de la réserve physiologique, vulnérabilité accrue exposant à un excès de mortalité ou à la dépendance en cas d’exposition à un stress » et qui est fortement liée avec la diminution de la force musculaire (en lien avec la perte de mobilité/équilibre/les risques de chute).

Une douleur chronique ou régulière peut être très anxiogène pour les patients ce qui peut altérer grandement leur qualité de vie : elle altère le sommeil des patients et est une source de tension psychique à laquelle ils doivent alors faire face. Elle crée ainsi des vulnérabilités physiques, mais également psychiques.

Les troubles cognitifs : parmi les facteurs de risque de vulnérabilité, constatation est faite que les altérations de la fonction neurocognitive entraînent une perte des capacités de réflexion et de prise de décision, conduisant à une perte d’autonomie à long terme. Une évaluation précoce des troubles cognitifs peut améliorer la prise en charge et ralentir la détérioration du patient.

Les troubles de la nutrition : évaluer l’état nutritionnel d’un patient est également un bon moyen de prévenir un risque de vulnérabilité. En effet, la dénutrition protéino-énergétique est très fréquente chez certains patients. On estime entre 30 et 50 % de patients dénutris à l’hôpital contre 2 à 5 % en ambulatoire.. C’est une source de morbidité et de mortalité importante.


Vulnérabilité sociale

La vulnérabilité sociale est définie comme l’accumulation de problèmes sociaux multiples et variés et renvoie à la notion de fragilité. Cette modalité fait référence en premier lieu à la vulnérabilité économique. Il s’agit de la vulnérabilité la plus étudiée en sociologie qui fait le lien avec le concept de précarité. Le concept se définit par le manque de ressources nécessaire de la personne pour faire face à des aléas de la vie.

 La vulnérabilité sociale repose aussi sur les modalités d’organisation des prises en charge des dépendances que ce soit à domicile ou en établissements spécialisés. Cela est largement impacté par les ressources que l’État consacre aux personnes handicapées ou âgées et/ou dépendantes. Mais la vulnérabilité sociale telle que nous l’entendons ici est aussi une vulnérabilité relationnelle. C’est la maladie et ses séquelles qui éloignent l’entourage ou ne permettent plus de communiquer avec eux. C’est la difficulté pour les familles, dans une organisation économique qui favorise l’emploi à temps complet, d’être des aidants


Vulnérabilité environnementale

La vulnérabilité environnementale est le plus souvent considérée en matière de risques naturels. C’est aussi une vulnérabilité de l’habitat. Un habitat inadapté, c’est un risque de devoir le quitter en cas de perte d’indépendance que ce soit lié au vieillissement, à la maladie elle-même ou à un handicap secondaire à un accident ou à une intervention médicale.

C’est aussi une vulnérabilité liée à l’environnement humain : c’est ainsi que les personnes âgées ayant une dépendance fonctionnelle sont également souvent seules. Cette solitude peut être la conséquence d’un environnement isolé, notamment en milieu rural : la prévalence de l’isolement social varie de 6 à 43 % chez les adultes âgés et 10 à 50 % signalent se sentir seuls.

Actuellement, la dimension environnementale de la vulnérabilité liée à la santé est un impensé de la recherche (on note notamment de grandes difficultés à identifier les patients vulnérables environnementalement), autant en sciences humaines et sociales qu’en sciences « dures ». De fait, le système de santé ne prend pas en compte ces situations et contribue à les invisibiliser. Cette modalité de la vulnérabilité augmente le risque de réhospitalisation et de fragilisation de la personne


Vulnérabilité psychique

La maladie constitue un traumatisme qui entraîne des vulnérabilités psychiques au sens de la modification de l’équilibre psychique antérieur. La maladie, et la prise en charge médicale qu’elle nécessite apportent leur lot de difficultés pour les patients. Elles entraînent un changement radical dans la vie des patients qu’il est parfois difficile pour eux d’accepter, elles modifient le rapport à son corps, à soi et aux autres. Cela est synonyme de stress pour les patients avec de nombreux examens, des traitements à mettre en place.

Il est à noter que cette vulnérabilité psychique ne prend pas fin avec l’atténuation ou la rémission. La maladie provoque un ébranlement identitaire qui fragilise le mental. La vulnérabilité psychique recouvre aussi la vulnérabilité des personnes atteintes de troubles neurodégénératifs. Face à l’évolution de leur pathologie, les changements qu’elle implique, au plus profond de leur habitude, de leur identité, les affectent eux et leurs aidants